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Au musée d'Art ancien

Où l'auteur s'entretient avec un peintre copiste.


Domaine public
Jérôme Bosch, panneau central du triptyque de La Tentation de saint Antoine


Aujourd'hui, nous poursuivons notre escapade lisboète et retrouvons notre guide au musée d'Art ancien*, où un peintre reproduit en grand format un détail du triptyque La tentation de saint Antoine.


La peinture de Jérôme Bosch et ses diableries m’ont longtemps laissée de glace. Il est vrai qu’à l’époque les hommes craignaient de brûler en enfer. Ici, mon guide s’entretient avec un copiste. J’ai lu une phrase d’Alvaro de Campos, hétéronyme de Pessoa, et je partage l’idée selon laquelle seul le véritable artiste est capable de jongler avec les genres, les dissemblances et les contradictions.

À mesure que j’observe la scène, se confirme mon idée que le copiste n’est pas un artiste, seulement un peintre. Le narrateur tente-t-il de s’assurer que celui-ci n'est pas atteint par le virus de l’intranquillité ? Veut-il dénoncer la capacité des hommes à généraliser à partir d’un détail, à se tromper souvent, à tromper autrui ? J’ai lu comment l’église avait conseillé un pèlerinage et la contemplation du tableau pour lutter contre l’ergotisme, une maladie encore appelée feu de saint Antoine et à l’origine de différents troubles dont nécroses, gangrènes et autres délires tels que des hallucinations visuelles d'animaux ou de flamme. J’apprends ici que le tableau fut utilisé comme antidote du zona dans un service de dermatologie. J’avais oublié le parallèle entre le zona ou herpès zostérien et le remords, l’inconscient...

Je pense à Babel Heureuse d’Alain André à la nécessité de vaincre une certaine adhérence à soi pour qui souhaite écrire. Le roman traite de la littérature et je la crois, depuis longtemps, supérieure à la psychologie. J’oublie tout clin d’œil au roman de Flaubert.


J'apprécie l’utilisation de l’ekphrasis pour interroger, tourner en dérision et toujours poser des questions au lecteur. Je me dis que le procédé tient toujours pour l’homme du vingtième siècle, peut-être bien victime d’un épuisement de certitude. Ce siècle, témoin de la perte du sens religieux de l’existence, fut aussi celui d’une révolution de la littérature. D’aucuns crièrent même à la mort de l’auteur. Peut-être avons-nous là une autre origine du nom de ce roman ?

Rendez-vous la semaine prochaine, nous poursuivrons la lecture de Requiem, un roman d'Antonio Tabucchi, et prendrons le train pour Cascais.



* Pour l'orthographe du musée d'Art ancien, deux démarches sont en concurrence et j'ai choisi d'utiliser ici la règle classique. Tout lecteur-correcteur s'adapte au travail de la structure pour laquelle il intervient.

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